Un budget fait "pour les plus riches"

Un budget fait "pour les plus riches"

Cette semaine, j’ai voté contre le Projet de loi de finances 2018. En effet, sur les 6,6 milliards d’euros de diminution des prélèvements obligatoires prévus, 4,5 milliards sont dus à la création de l’Impôt sur la fortune immobilière (3,2 milliards) et à la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital (1,3 milliard d’euros) dès 2018.

Ces cadeaux fiscaux pour les plus riches auraient vocation à favoriser le financement des entreprises et, à terme, selon la théorie du ruissellement, après avoir copieusement arrosé le sommet, quelques gouttes devraient couler jusqu’à la base... Rien hélas ne confirme cette théorie. Pire, une étude de la Banque de France publiée cet été souligne que pour nos entreprises, le coût du capital n’a jamais été aussi peu élevé. Aujourd’hui, ce qu’elles attendent c’est avant tout de remplir leur carnet de commandes, ce qui signifie retrouver des clients.

Ce choix de diminuer principalement l’imposition des plus riches s’avère intenable. En 2016, l’ISF moyen par contribuable s’élevait à 14 000 euros. L’IFI moyen s’élèvera à 5 600 euros en 2018. Concernant la mise en place du PFU (ou « flat tax »), le coût de la mesure devrait en fait s’élever à plus de 4 milliards d’euros selon l’OFCE.

Alors que la précédente majorité avait décidé d’aligner sur un barème identique revenus du capital et revenus du travail, le Gouvernement fait le choix de revenir à une taxation plus faible des revenus du capital. En résumé, la spéculation et la rente seront plus valorisés que l’effort et le travail. Ces choix adressent le plus mauvais signal aux Français.

Dans le même esprit, j’ai également voté contre l’article 7 du Projet de loi de financement de la sécurité sociale qui comprend une hausse de la CSG. Les retraités se voient ainsi considérés comme des privilégiés dès 1289 €/mois. L'augmentation de la CSG va faire au total 8 millions de perdants. La suppression de la Taxe d’habitation étalée sur 3 ans ne viendra pas compenser cette hausse. Avec ce gouvernement, il vaut mieux avoir un patrimoine mobilier conséquent qu'une petite retraite.

Les fonctionnaires sont quant à eux considérés comme improductifs. Le produit de la CSG des retraités est censé améliorer le pouvoir d'achat des actifs à l’exception des agents publics. Pour eux, les promesses présidentielles ne seront pas tenues. Les compensations ne seront que partielles et provisoires, à travers des primes sans aucune garantie de pérennité.

Enfin, la taxe d'habitation sera progressivement diminuée, sur trois ans, et maintenue pour 20 % de contribuables, lesquels assumeront donc financièrement à la fois la CSG et la taxe d'habitation, reconnue comme un impôt injuste. Les plus riches se verront exempter du paiement de l'ISF, ce qui représente pour chacune des 100 familles les plus riches  de france, un gain d'environ 1,5 millions par an, soit plus de 6 millions d'euros sur le quinquennat.

L'argument selon lequel le capital partirait de France n'est établi par aucune étude sérieuse. L'investissement ne pose aucun problème actuellement, si ce n'est la frilosité des banques et nous sommes en capacité d'infléchir leur comportement sécuritaire. 

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