Révision de la Constitution : la situation est grave

Révision de la Constitution : la situation est grave

Nous y sommes : la semaine prochaine nous entrons dans le dur de la révision de la Constitution. Nos amendements sont prêts. La situation est grave, le déséquilibre des pouvoirs au profit de l'exécutif est au coeur même du projet de loi. La diminution drastique du nombre de députés est une réponse populiste apportée par un gouvernement qui ne veut pas du débat démocratique et entend tenir dans sa main les parlementaires.

 Ne vous laissez pas abuser. Le seul objectif de la diminution annoncée a pour but d'emporter l'adhésion facile de l'opinion publique. Beaucoup de personnes, d'élus, de représentants d'associations nous disent déjà qu'ils n'obtiennent pas de rendez-vous ou de réponses de la part  des députés de l'actuelle majorité ; nombre de ces derniers n'ont pas de permanence dans les circonscriptions et considèrent que leur travail est d'être aux côtés des ministres, dans les cabinets, à Paris donc. Ils font fi de l'indépendance des pouvoirs législatif et exécutif et font bloc avec une haute administration qu'ils devraient au contraire mettre à l'épreuve des textes qui nous sont soumis.

 Nous serons perdus dans des circonscriptions plus que doublées, en incapacité de faire ce travail de terrain, de vous entendre, d'enrichir les projets de loi de vos attentes concrêtes. Le lien de confiance se tisse à travers ces échanges multiples avec les citoyens. Qui désormais interviendra auprès du préfet ? Qui pèsera auprès des administrations pour trouver la solution de droit ou la solution humaine à un problème particulier ? Qui vous auditionnera,ici en circonscription, pour prendre note de vos inquiétudes ou projets à défendre ? Qui désormais pourra arbitrer une situation insupportable et urgente ? Faut-il laisser ce champ à l'administration et en exclure les élus nationaux que vous avez mandatés pour vous représenter, vous toutes et tous ?

 Et si vous êtes sceptiques, je vous invite à lire le superbe ouvrage "Le bon Gouvernement" de Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, historien et sociologue. Il en résulte que le travail du député doit se faire dans la proximité et l'impartialité, qu'il doit démultiplier les formes d'expression des citoyens, au plus près des personnes fragiles ou puissantes. Le nombre de représentants du peuple sur le territoire national ne peut être réduit sans risque majeur et évident pour la démocratie. Tous les spécialistes, toutes les associations, les diverses personnes que je rencontre, confirment cette analyse. Il est inquiétant que seul l'éxécutif ne l'entende pas. 

 Cécile Untermaier 

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