Tribune libre de Jean-Jacques Fouché sur le séparatisme

Tribune libre de Jean-Jacques Fouché sur le séparatisme

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"Stupéfiants projets de lois         J. J. Fouché / 25 janvier 2021

Voilà qu’un Projet de loi proposant de conforter « le respect des principes de la République » vient en discussion au Parlement. Son « Exposé des motifs » argumente : « Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société ». L’origine en est : « un islamisme radical instrumentalise une religion (…) ». Il faudrait lutter contre cette tendance pernicieuse en modifiant la loi de 1901 (le droit d’association) et celle de 1905 créant une séparation entre l’État et les églises, inventant, nouveauté juridique, la laïcité

Qu’il me soit permis d'exprimer ma stupeur devant ces prétentions modificatrices de "lois fondamentales" de la République. Elles ont structuré la vie démocratique de notre nation.

Grande est l’ignorance des nouveaux réformateurs ; allons à l’essentiel.

Une assemblée cultuelle (une église)  n'a nul besoin d'autre règle que celles qu'elle se donne en se rassemblant. Elle s'autorise d'elle même.

Cette assemblée peut prendre des responsabilités publiques, elle s'insère alors dans les formes juridiques de la collectivité nationale où elle agit, par un établissement d'enseignement, une cantine, un lieu d'hébergement, et autres... De ce fait (sans autre forme d'adhésion) toutes les règles de la collectivités (lois, décrets, arrêtés, circulaires...) s'imposent et s'appliquent.

Les auteurs de délits et crimes commis dans le cadre des cultes, par des membres (adhérents qui s’en réclament) des groupements cultuels,  doivent être punis. Le droit l'oblige et les tribunaux sont compétents.

Pourquoi le Gouvernement veut-il légiférer spécifiquement dans un domaine qui ressort exclusivement de la liberté, (individuelle et collective), de conscience et d'opinions? Des pratiques  codées, alimentaires ou vestimentaires, qualifiées "communautaristes", pourraient-elles être opposées aux lois de la République?

Serions-nous piégés par l'internationalisme? Des mosquées et des "desservants" reçoivent des subsides de "l'étranger"... Et alors?  Faut-il rappeler les solidarités internationales du mouvement ouvrier ou la mondialisation des banques, du commence et des industries ?

Pourquoi serait-il nécessaire d’ajouter des contrôles du fait de textes législatifs et réglementaires nouveaux, spécifiques aux cultes? N’est-ce pas une manie désespérante lorsque les gouvernants ajoutent, dans l’urgence d’un événement, un nouveau texte de loi à  des textes existants ?

Ne s'agit-il pas d'une trituration indécente de lois fondamentales de la vie collective, un coup politique récupérateur de querelles ?

La liberté ne se divise pas, elle est égale et fraternelle."

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Né le 17 décembre 1940, Jean-Jacques Fouché est à l’origine professeur de philosophie. Après avoir dirigé, succédant à Francis Jeanson, la Maison de la culture de Chalon sur Saône de 1974 à 1983,  il a travaillé à la rénovation du Musée de l’air et de l’espace (Le Bourget), avant d’être nommé inspecteur général au Ministère de la Culture.

A  partir de 1994, il est chargé de la préfiguration du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, dont il a été le premier directeur, en assurant l’ouverture en 1999. Il est d’ailleurs l’auteur du catalogue de l’exposition permanente.

Auteur, il a signé des ouvrages historiques, et notamment "Oradour, la politique et la justice" ( Editions Lucien Souny, 2004) et "Oradour" ( Editions Liana Levi, 2001).

Il coule  désormais une retraite  active, à Chalon sur Saône , où il reste un observateur avisé et critique,  au bon sens du terme,  de la vie publique locale et nationale.

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