#Intégration par l'emploi

Faire se rejoindre le bon sens et le sens des autres

Faire se rejoindre le bon sens et le sens des autres

De manière pragmatique, afin de répondre à la réalité d'une situation de l'emploi rappelée à maintes reprises par des dirigeants d'entreprise en quête de main-d'œuvre, le ministre de l’Intérieur a envisagé d'inscrire dans le projet de loi immigration des dispositions tentant de répondre à cette difficulté, dont les effets sur le seul plan économique sont majeurs. C'est une mesure  que je salue et dont je demande l'application sur le terrain sans attendre un texte de loi. 

Je suis régulièrement sollicitée par ces chefs d'entreprise, œuvrant que ce soit dans les domaines de l'industrie, de l’artisanat ou de la restauration. Très satisfaits des services rendus par des ressortissants étrangers en situation irrégulière, ces derniers demandent instamment leur régularisation. Ils les ont formés, encouragés et quelquefois même accompagnés pour leur trouver un logement.

Ils viennent jusqu'à ma permanence pour faire état de leur incompréhension face au refus opposé par l'Etat. Nous avons pu négocier en son temps au mieux quelques fois l'abandon d'une politique d'expulsion, sans résoudre la question au fond. 

Je viens de transmettre à Gérald Darmanin une longue lettre relatant quatre situations illustrant cette difficulté, et pour laquelle une instruction raisonnée permettrait ici et partout en France d'aider à la délivrance d'un titre de séjour d'une durée d'un an. Dans les cas en question, qui se comptent sur les doigts de la main, les employeurs se sont engagés résolument à soutenir ces salariés dont ils saluent les qualités professionnelles et humaines. Ces situations ne sont pas si fréquentes qu'elles ne puissent admettre une mesure dérogatoire exceptionnelle.

Il ne s'agit pas, comme j'ai pu l'entendre sur les bancs de l'extrême droite, d'ouvrir la porte à une entrée massive d'étrangers, mais de travailler dans le pragmatisme qui fait se rejoindre le bon sens et le sens des autres. 

Tous font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), assortie ou non d’une assignation à résidence avec obligation de se présenter chaque jour en gendarmerie ou au commissariat de police le plus proche, générant un travail administratif dont nos forces de l'ordre n'ont pas besoin.

L’accès à l’emploi est la priorité pour ces personnes qui toutes ont fui leur pays. Elles ont atteint cet objectif non sans mal et fait leurs preuves auprès de leurs employeurs. Elles parlent notre langue, respectent la République, participent à la vie associative et  et sont animées de la volonté de réussir. Il faut leur permettre de poursuivre dans cette voie.

Cela suppose de raccourcir les délais d’instruction des dossiers et que ces derniers soient examinés par les services de l’Etat, en lien rapproché avec les employeurs. Des rencontres mensuelles pourraient permettre de s’assurer du sérieux de la demande. Un examen au cas par cas par l'autorité préfectorale, aidée d'un élu local, d'une association et/ou d'un parlementaire, devrait permettre d’aboutir à des dérogations exceptionnelles, constituant ainsi la solution intelligente à quelques situations.