#Un constat très sévère

La mobilité sociale des jeunes au point mort depuis 20 ans

La mobilité sociale des jeunes au point mort depuis 20 ans

Notre mission sur la mobilité sociale des jeunes, qui a duré plusieurs mois, nécessité les auditions de 31 experts et l’organisation de neuf tables rondes, a été menée en toute objectivité avec l'appui de France stratégie. Cette institution autonome contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

Le constat s’avère très sévère puisqu'il n'y a pas de mobilité sociale des jeunes depuis 20 ans. Comme les chiffres le montrent dans notre rapport, la reproduction sociale est massive. Le destin des jeunes reste toujours fortement marqué par leur origine sociale, tant en termes de parcours scolaire que professionnel.

Ce constat est d'autant plus alarmant qu'il existe une kyrielle de politiques publiques en faveur de la jeunesse, qui coûtent près de 13 milliards d’euros par an. Il s'agit d'un maquis, nourri de bonnes intentions mais illisible. Cet éclatement traduit une situation où il est difficile d’agir directement sur les causes des difficultés constatées, et où les acteurs publics s’efforcent d’apporter des réponses partielles à des situations qui sont souvent le symptôme de difficultés structurelles. Parmi les rares réussites, la « Garantie jeunes » qui fonctionne bien, à tel point que l'actuel Gouvernement a décidé d’amplifier le dispositif.

Notre mission propose plusieurs orientations, dont une mesure législative sur le Conseil d'orientation des jeunes pour en fixer l'existence dans la loi, mais il est constamment apparu que la seule politique qui garantirait une réelle mobilité sociale, c'est l'institution scolaire et universitaire. L'université doit être confortée dans sa mission universelle d’enseignement avant qu'il ne soit trop tard. Le débat autour de la fermeture de classes dans les communes s'invite également avec force dans ce sujet. Il faudrait instaurer l’accord préalable du maire concerné, et aucune fermeture ne devrait intervenir dès lors qu’un effectif de 17 élèves est assuré.

La première action politique n'est pas de supprimer des classes mais bien de les maintenir, le coût induit se chiffrant à moins de 200 millions d'euros par an. A comparer avec les 13 milliards des politiques publiques spécifiquement tournées vers la mobilité sociale des jeunes... Notre société vieillissante doit plus que jamais nous contraindre à mettre la priorité et la lumière sur les questions relatives à la jeunesse.