Cécile Untermaier face à Cahuzac

La députée socialiste Cécile Untermaier, membre de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac, a pu interroger hier l’ancien ministre du Budget.
 
Cécile Untermaier le reconnaît, hier lorsqu’elle est entrée dans la salle où devait se tenir l’audition de Jérôme Cahuzac, elle était « très en colère ». La députée socialiste de Saône-et-Loire se disait : « C’est à cause de lui que l’on a vécu tout ça. » Mais lorsque les micros se sont allumés et que les premières questions ont été posées, la socialiste confie avoir « vite oublié que j’avais un socialiste en face de moi, ce n’était plus que l’homme qui nous a tous roulés. » Malgré tout, la députée le rappelle, le rôle de cette commission d’enquête n’était pas de faire le procès de Jérôme Cahuzac, mais bien de déterminer ce que savait vraiment le gouvernement entre le 4 décembre et le 2 avril : « Lors de la réunion préparatoire, nous avons insisté sur le fait qu’il y avait une instruction judiciaire en cours et que sur cette affaire, monsieur Cahuzac avait le droit de se taire, ce qu’il n’a d’ailleurs pas manqué de faire. » Cécile Untermaier raconte : « L’ambiance était plus pesante que lors des précédentes auditions ». Elle décrit un Cahuzac « marqué » par toute cette affaire, mais précise : « Je ne le plains pas. N’oublions pas que ce n’est pas lui la victime ». L’ancien ministre lui a renvoyé l’image d’un homme assez sûr de lui : « Jérôme Cahuzac m’a paru libéré. Il n’avait pourtant perdu ni sa verve, ni même son arrogance. »

« Un homme qui sait bien mentir »

La députée de Saône-et-Loire a pu poser deux questions à l’ancien ministre. Elle l’a interrogé sur sa plainte pour diffamation et lui a aussi demandé, les yeux dans les yeux, s’il avait senti que ses mensonges avaient convaincu le Premier ministre et le président de la République. « Il m’a répondu que oui. C’est un homme qui sait bien mentir. En l’écoutant, on s’aperçoit qu’il a une autorité naturelle, qu’il sait choisir ses mots, les apprécier. Je conçois donc qu’on ait pu le croire. » Durant cette audition, la députée s’est interdite de convoquer ses anciens réflexes de magistrate : « Nous ne sommes pas des juges, nous sommes des députés qui enquêtent, notre rôle n’est pas d’organiser un interrogatoire de police. »
Hier, Cécile Untermaier est ainsi restée très concentrée pour écouter Jérôme Cahuzac. Elle estime que l’ancien menteur se trouvait ce mercredi « dans un espace de vérité. » Elle pense ainsi « pour le moment » que les dysfonctionnements supposés de l’État et de la justice ne sont « pas avérés », mais elle s’empresse d’ajouter « notre travail n’est pas terminé, ma position peut encore évoluer. »
 

A lire aussi