"Femme députée de nos jours", intervention au Lycée Pontus de Tyard à Chalon-sur-Saône



Devant une trentaine d’élèves de première littéraire du Lycée Pontus de Tyard, Cécile UNTERMAIER a été invitée à évoquer ce lundi ce que signifiait être une « femme députée de nos jours ».





Qu’est-ce qu’un(e) député(e) ? L’intervention ne pouvait commencer sans éclaircir un certain nombre de points d’ordre général, car nous le savons, si le député est bien assez médiatisé, son travail, son rôle, sont eux trop peu connus. Le non-cumul des mandats permet, ou permettra pour certains, aux députés de renverser la tendance, de faire ce travail de pédagogie indispensable et qui manque aujourd’hui dans notre démocratie. Dans le même temps, le mandat unique participe d’une déprofessionnalisation de la politique, celle-là même qui est tant attendue par nos concitoyens comme d’une poignée de nos élus, pour tous les effets positifs qu’elle pourrait avoir sur la pratique politique et ainsi sur son rayonnement. Pour cette raison, il est important d’avoir un métier, de sorte que le mandat politique ne soit pas le support d’une carrière professionnelle, mais bien un temps de cette carrière. C’est le conseil que Cécile UNTERMAIER a adressé aux élèves présents, en les encourageant à s’intéresser à la politique afin de construire la « France de demain ».

Quant à la place des femmes en politique, il y a eu des améliorations visibles. Pour autant, le compte n’y est pas.


(Dans le détail à l'Assemblée nationale : 104 femmes /280 députés au PS - 28 femmes /188 députés à l'UMP - 9 femmes / 18 députés chez les verts)

Aussi, la réalité mathématique ne traduit pas toujours le partage des pouvoirs et en cela, elle ne suffit pas.

Il faut souligner que ce sont essentiellement les majorités de gauche qui ont œuvré pour l’égalité femmes/hommes. Le Gouvernement Jospin avait introduit dans la loi du 6 juin 2000 une sanction financière à l’encontre des partis politiques qui ne respecteraient pas le principe de la parité dans la présentation des candidats aux élections. Or, on se rend compte qu’ils préfèrent payer ces pénalités plutôt que de respecter le principe. La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, proposée par le Gouvernement Hérault et votée par l’actuelle majorité, en a doublé le montant.

Les élèves ont ensuite posé une série de questions :




Le terme « imposer » revient tout le temps quand on parle de parité. Pourquoi ne pas, plutôt, faire de la pédagogie ?

C.U.: « Il est vrai que le fait d’imposer la parité peut faire réagir les femmes, surtout. J’étais d’ailleurs, avant d’être députée, très réservée à ce sujet. Mais je me suis rendu compte depuis, que si on ne l’impose pas, on ne l’aura pas, c’est une certitude. C’est ce principe de réalité qui nous pousse à établir un corpus de règles sur la parité. »





On est venu vous chercher ou vous vouliez vraiment obtenir ces mandats (Conseillère générale et Députée) ?

C.U. : « J’ai été fortement intéressée par les mouvements de pensée portés par Stéphane HESSEL il y a quelques années. Mais ce sont véritablement Arnaud MONTEBOURG et Pierre JOXE qui ont suscité, chez moi, l’envie de faire de la politique, aussi parce qu’ils ont cru que j’y avais ma place. C’est un engagement fort que je ne regrette absolument pas. »





Est-ce qu’il y a des députés hommes féministes ?

C.U. : «  Oui, il y en a quelques-uns de tous bords. Mais il y a encore beaucoup de « machos ». La femme doit travailler beaucoup plus, parler plus fort pour être entendue. Et, les réflexions désobligeantes sur les tenues vestimentaires par exemple, sont récurrentes. »


 Est-ce qu’il y a des femmes vice-présidentes ?

C.U. : « Oui, il y a 3 femmes et 3 hommes à la vice-présidence. Toutefois en matière de parité il ne faut pas être dans le systématique mais dans la vigilance. »




Est-ce que trop parler de la place des femmes en politique, dans la société, ou plutôt de leur absence, ce n’est pas accentuer le phénomène ?

C.U. : « Non, car il y a une réalité qu’on ne peut nier. Et je ne pense pas qu’il y ait une telle surmédiatisation de cette question. Des dérives existent, il faut les corriger, arriver à partager. Les femmes participent à cette exigence de diversité dont on parle si souvent et qui au demeurant est nécessaire pour que tous les aspects de la société soient évoqués. On s’est en effet rendu compte que les femmes et les hommes étaient complémentaires et que le travail n’en était que de meilleure qualité lorsqu’ils l’effectuaient ensemble. »

N’y a-t-il pas trop de chiffres ? Pourquoi ne pas présenter les actes, les faits, ce que les femmes réussissent plutôt que de les cacher derrière les chiffres ? 

C.U. : « Ces chiffres sont nécessaires, mais c’est vrai, on présente peut être trop peu le travail réussi par les femmes. »




Ne peut-on pas faire un travail de fond plus important sur l’égalité ? On me parle d’égalité depuis nos premières années d’école, mais ce n’est que depuis quelques mois que j’ai compris ce qu’elle signifiait.

« Il y a une vraie réflexion à mener au niveau de l’Education nationale. Effectivement, c’est un mot qu’on répète sans réellement se l’approprier, comme d’ailleurs d’autres valeurs portées par notre République. Cette réflexion doit se faire à tous les stades, tous les niveaux, mais surtout selon une approche globalisée en « écosystème ». Cette notion d’ « écosystème » est importante car elle implique de prendre conscience que nous ne sommes pas seuls au monde et inclut dans le même temps la notion de « respect ». C’est selon moi au travers de ce travail en communauté, en prenant en compte chaque acteur, qu’il faut penser la pédagogie de demain. Actuellement, ont lieu des assises de l’éducation un peu partout en France regroupant l’ensemble des acteurs de l’Education nationale et de la Société civile concernés. Incontestablement, elles amorcent quelque chose. »



Est-ce un avantage d’être une femme en politique ?

« Oui et non. En tout cas, les femmes font l’objet d’attaques stéréotypées et sexistes, ce qui n’est pas le cas des hommes. »

Quels sont les inconvénients d’être une femme à l’Assemblée ? On pense par exemple au fait qu’il n’y ait pas de crèche ou encore pas de congé maternité prévus.

« Il est vrai que cela devient très compliqué lorsqu’on a une famille. Il y a des députées qui ont des enfants en bas âge. Elles s’organisent différemment. Mais il est incontestable qu’il faut revoir le fonctionnement à l’Assemblée nationale qui connaît aujourd’hui un rythme bien trop chargé. Pour beaucoup de projets de loi, pour peu que nous siégions en séance, il nous faut être présents jour et nuit, jusqu’à une heure du matin voire six heures parfois, pour reprendre tôt le lendemain. Une telle cadence est incompatible avec une vie de famille. »
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Est-ce que les députés ne devraient pas aller plus souvent devant les écoles, devant les citoyens, pour parler, échanger ?

« Je suis particulièrement ravie que vous posiez cette question. Justement si, et le non-cumul des mandats doit permettre cela. Le député doit pouvoir revenir vers son territoire, on doit savoir ce qu’il fait, ce qu’il est. D’ailleurs, le principe du non-cumul précède la parité car si plus de mandats sont disponibles, la diversité comme le renouvellement iront de pair, vous verrez. En ce qui me concerne, je propose depuis le début de mon mandat des Ateliers Législatifs Citoyens, lesquels permettent en amont du vote de la loi, de discuter de celle-ci avec les gens. Des idées intéressantes en ressortent et se transforment en « amendements citoyens » que je porte et défends à l’Assemblée.  Cette démarche est tout à fait essentielle car elle permet autant au député de ne pas être hors-sol que d’effectuer un travail de pédagogie. »












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