Une réforme démagogique et sans vision sinon celle de renforcer le pouvoir exécutif et sa haute administration

Une réforme démagogique et sans vision sinon celle de renforcer le pouvoir exécutif et sa haute administration

De grands chantiers doivent être engagés pour adapter notre Constitution aux réalités du XXIème siècle : rééquilibrer les pouvoirs entre Parlement, Gouvernement et Président, impliquer les citoyens dans l’élaboration de la loi et garantir de nouveaux droits au sein de la Constitution. Au lieu de cela, le Gouvernement se limite à des mesures attendues sur lesquelles nous avons déjà beaucoup travaillé; les rapports sont prêts et la copie déjà rédigée : je pense à la suppresion de la Cour de Justice et la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature renforcant l'indépendance du pouvoir judiciaire. En revanche, les citoyens sont oubliés et le Parlement affaibli : cette réforme constitutionnelle est celle de l’exécutif, pour l’exécutif.

Cette absence d’ambition constitutionnelle masque une évolution législative profonde qui va déséquilibrer durablement et en profondeur nos institutions si elle devait être adoptée. Faire croire à la modernité avec une diminution de plus de 30 % du nombre de députés, c’est choisir la voie de la démagogie; c’est cacher une ambition plus dangereuse au profit du seul Exécutif avec une majorité de parlementaires dans la main d'une hyperprésidence et de sa haute administration. C'est priver le peuple d'un tiers de ses représentants et lui préférer des technocrates. 

Les enseignements du séisme électoral de 2017 ne peuvent pas être si vite oubliés. Je défendrai lors du débat au Parlement des propositions pour une réforme institutionnelle du XXIe siècle faisant de l'Assemblée nationale, de manière concrète, la maison du peuple, ouverte aux citoyens, avec des députés en capacité de se mobiliser dans l'hémicycle, coeur de la République, et dans leur circonscription, d'aller à la rencontre des citoyens et des acteurs locaux, de donner du sens au travail politique effectué au sommet de l'Etat et dont nous devons rendre compte sur le terrrain. 

Il ne s'agit évidemment pas de défendre des intérêts corporatistes, mais bien de combattre la technocratie et un certain gouvernement des experts, de préserver le lien que nous devons nouer avec tous les citoyens. L'élection nous oblige, elle nous impose la proximité, le lien indéfectible entre deux élections avec celles et ceux qui nous ont donné mandat de les représenter. L'ignorer en faisant du député un élu qui ne sera plus en capacité de travailler dans la proximité et l'impartialité, c'est prendre un grand risque pour l'avenir de notre démocratie. 

 

 

 

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