le JSL : Champforgeuil/Chalon Un nouveau départ pour l’Association culturelle turque

Champforgeuil/Chalon Un nouveau départ pour l’Association culturelle turque

le 13/04/2015 à 05:00 | Christophe Roulliaud



Le 2 août, la salle de prière de l’Association culturelle turque, à Champforgeuil, partait en fumée. Hier, la renaissance a commencé.

Si le traumatisme de l’incendie (d’origine toujours inconnue) de la salle de prière de la rue de la Levée-du-Canal, à Champforgeuil, reste encore ancré dans les têtes, la journée d’hier a tout de même permis de se projeter vers l’avenir. En présence de nombreux élus et du consul général de Turquie détaché à Lyon, Hilmi Ege Türemen, s’est déroulée la pose symbolique de la première pierre d’un nouveau bâtiment.

Pas seulement pour les Turcs et les musulmans

Installé dans les immenses locaux de l’ancienne usine Pum service d’acier, rue Louis-Jacques-Thénard (à Champforgeuil), l’endroit sera bien plus que cultuel. Deux salles de prière et un logement pour l’imam (un fonctionnaire nommé pour quatre ans par l’État turc) seront certes aménagés, mais ce lieu sera avant tout un centre interculturel. Un bar associatif, une salle de jeux avec billard et baby-foot, une pièce de 300 m² pour les jeux de balles, et surtout une salle des fêtes de 900 m² seront construits. « Celle-ci ne sera pas réservée qu’aux Turcs et aux musulmans, mais à toutes les personnes ayant besoin de la louer, pour une occasion ou une autre », insiste Ibrahim Aktas, président de l’association. « Nous sommes ravis d’avoir un équipement public de plus à une époque où les investissements sont serrés », s’est enthousiasmé le maire de Chalon, Gilles Platret.

Sur fond de joute politique

Profitant de l’occasion pour réexpliquer sa décision -au nom de la laïcité- de supprimer les menus de substitution au porc dans les cantines scolaires chalonnaises, le maire a aussi réitéré un souhait : celui de baptiser le centre du nom de Jacques de Germigny. « Nous devons travailler à ce que les musulmans reconnaissent leurs origines, mais qu’ils se donnent aussi, par des signes forts, les moyens de faire partie intégrante du lieu où ils se trouvent. Donner ce nom serait un beau symbole, car ce Chalonnais, ambassadeur de France en Turquie, a permis le retour des relations diplomatiques entre les deux pays, au XVIe siècle. » Une suggestion restée pour le moment sans réponse de la part du consul, qui a simplement commenté que « oui, l’État turc prend ses responsabilités ». Tout en indiquant tendre la main à la communauté turque et en saluant sa capacité d’organisation, la députée socialiste, Cécile Untermaier, a de son côté tenu à répondre à Gilles Platret, pour signifier son désaccord sur le sujet des cantines : « Au nom de la laïcité, on commet beaucoup de crimes et on divise beaucoup de gens. »
Plus politique que prévue, cette pose de première pierre s’est poursuivie par un après-midi de festivités à la salle Sembat. Une salle que la communauté turque n’aura à l’avenir plus forcément besoin de louer. Très partiellement entamés, les travaux du centre culturel démarreront de manière réellement active cette semaine, et devraient durer 18 mois environ. Un chantier (achat et rénovation compris) d’un montant d’1,7 million d’euros, financés par de larges dons privés et par une aide du consulat.


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