Le mot de la Députée

Le mot de la Députée

La nomination d'Eric Dupond-Moretti comme ministre de la Justice a déclenché de nombreuses réactions, notamment des syndicats de magistrats et des mouvements féministes dénonçant des déclarations fracassantes à leur encontre. En tant que femme politique, je ne partage pas ces dénonciations qui font passer la morale avant le droit et la justice. Et je suis trop attachée à la présomption d’innocence pour considérer que celle-ci puisse être à géométrie variable selon que l’on parle de tel ou tel sujet. Pour ma part, j’ai regretté les prises de position des syndicats de magistrats, avec lesquels pourtant j’ai souvent très bien travaillé. Il est choquant que la question de la cohérence des actions de justice, du travail rassemblé de tous ces professionnels, de la lisibilité enfin de l’œuvre de justice, n’ait pas été saluée à travers ce choix.

Le garde des Sceaux ne sera pas l’avocat qu’il a été. Evidemment, devra-t-il tenir compte de son action passée pour identifier les situations de conflit d’intérêts qu’il rencontrera inévitablement. Evidemment, les propos tenus en tant qu’avocat ne seront-ils pas ceux qu’il tiendra en tant que ministre de la Justice. Le jeu consistant à faire revenir sur le devant de la scène des prises de position antérieures de l’intéressé en tant qu’avocat, est un jeu vain et populiste. 

Des orientations majeures doivent être prises : la première est d’en terminer avec les réformes, la deuxième de se concentrer sur le budget et le numérique dans le domaine civil, la troisième d’encadrer les délais de mise à l’audience et de rendu des jugements. Sans oublier le respect du temps de l’avocat, lequel ne doit pas attendre des heures dans les salles d’audience.

Cela fait maintenant près de huit ans que je travaille à l´Assemblée nationale sur les questions de justice. Nous avons jeté une bouée de sauvetage pendant le précédent quinquennat et fait des réformes essentielles avec la mise en place du Parquet National Financier, le statut des magistrats, la place du juge des libertés et de la détention. Il nous faut poursuivre, par exemple en introduisant une procédure contradictoire au cœur de l’enquête préliminaire.

Soucieux du justiciable, Il y a des gens formidables qui travaillent dans les tribunaux ou les cabinets, et ils nous attendent.

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