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Commission d'enquête sur les dysfonctionnements de l'administration pénitentiaire : visite de la maison centrale d'Arles

Commission d'enquête sur les dysfonctionnements de l'administration pénitentiaire : visite de la maison centrale d'Arles

La commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l’administration pénitentiaire et de l’appareil judiciaire ayant conduit à l’assassinat d’un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d’Arles, a été créée à l’automne dernier. 

Elle fait suite à l’assassinat d’Yvan Colonna par un détenu à la maison centrale d’Arles. Pour rappel, Yvan Colonna, indépendantiste corse, a été condamné en 2007 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, après une cavale de 6 ans, avant qu'il ne soit arrêté en 2004. Le 2 mars 2022, alors qu’Yvan Colonna s’exerçait seul dans la salle de sport de la prison, Franck Elong Abé, détenu exerçant un emploi auxiliaire, y est entré seul pour faire le ménage avant d’agresser violemment pendant huit minutes Y. Colonna, décédé des suites de ses blessures.  

Les conditions dans lesquelles se sont déroulés les faits interrogent sur les dysfonctionnements de l’administration pénitentiaire. La commission des Lois avait d’ailleurs auditionné en mars 2022, Laurent Ridel, directeur de l’administration pénitentiaire.

Au regard des nombreuses questions posées par cet assassinat, une commission d’enquête, dont je suis membre, a été créée à l’Assemblée nationale. Des auditions son menées depuis l’automne dernier et c’est dans ce cadre que nous avons visité la prison d’Arles cette semaine. 

Des zones d'ombre entourent le déroulement des faits : pourquoi personne n’est intervenu pendant ces huit longues minutes alors que l’agression était filmée par vidéo surveillance ? Où étaient les surveillants ? Pourquoi deux « détenus particulièrement signalés » se sont retrouvés seuls ? …

Le début de matinée était consacré à la visite de la maison centrale d’Arles et à la salle de sport où a été agressé Y. Colonna, et à l’étude du mode de fonctionnement de la prison et de la présence des surveillants sur les lieux au moment du crime. 

En fin de matinée, une discussion libre avec les syndicats a permis de faire la lumière sur la doctrine sécuritaire à la maison centrale, qui selon eux, est excessivement assouplie depuis de nombreuses années. Il s’agira de savoir si la Chancellerie avait connaissance de cet assouplissement. En tout état de cause, l’agresseur - à la personnalité solitaire et peu communicante - ne semblait pas répondre aux exigences d’un emploi en tant qu'auxiliaire d’étage.

Sans méconnaître la gravité du crime pour lequel Y. Colonna a été condamné, il appartient à la prison de protéger les détenus, et à ce titre, la commission d’enquête, essentielle à la manifestation de la vérité, a un rôle important. L’enquête judiciaire est également toujours en cours. 

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