Séance plénière de l'Assemblée parlementaire franco-allemande

Séance plénière de l'Assemblée parlementaire franco-allemande

Vendredi 22 janvier s'est tenue la séance plénière de l’Assemblée parlementaire franco-allemande (APFA) en visioconférence avec le Parlement allemand.

Le programme était le suivant:

  • Audition de M. Andreas Scheuer, ministre allemand chargé des transports
  • Examen et vote de la proposition de résolution commune « Plus forts ensemble pour sortir de la crise du coronavirus – Impulsions franco-allemandes pour renforcer l’Europe au sortir de la pandémie »
  • Examen et vote de la proposition de résolution commune « Sortir de la crise par l’innovation en route vers l’Union européenne de l’innovation »

Ma question au ministre allemand des transports et sa réponse

"Monsieur Le Ministre,

La question des transports n’occupe pas la première place dans l’agenda politique en cette période de pandémie. Elle est cependant fondamentale notamment pour la protection de l’environnement. Avant la pandémie du covid-19, le transport aérien seul générait environ 3 % des émissions de CO2 au niveau mondial. Les mesures nationales et européennes ne sont pas satisfaisantes au regard des objectifs fixés.

En France, des citoyens tirés au sort se sont réunis pour définir une série de mesures plus concrètes dans le cadre d’une Convention Citoyenne pour le Climat dans l’objectif d’atteindre une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le projet de loi reprenant ces mesures prévoit entre autre une interdiction des vols intérieurs lorsqu’il existe une alternative possible en train à moins de deux heures trente, et non plus quatre heures comme demandé par la Convention. Quel est l’écho dans le milieu des transports en Allemagne d’une telle disposition qui est certes radicale mais qui pourrait par là-même permettre d’atteindre l’efficacité recherchée ?

Est-ce que vous seriez susceptible d’étudier ces possibilités s’agissant des vols courts entre la France et l’Allemagne (Paris et Cologne, Düsseldorf, Francfort et Stuttgart) dès lors que des alternatives ferroviaires de moins de quatre heures existent ?

Favoriser l’alternative ferroviaire passe aussi par un prix attractif du billet. Par exemple, un billet d’avion d’Air France acheté le 14 janvier pour faire Paris à Düsseldorf le 23 janvier coûte 77€, tandis qu’il faut payer 109€, donc 30 € de plus pour le même trajet en train. Ce coût du train est régulièrement dénoncé par les usagers.

Quelles sont les mesures concrètes que vous envisagez pour favoriser le voyage en train et qu’attendez-vous d’une coopération franco-allemande à ce sujet ?"

Cécile Untermaier, le 22 janvier 2021

 

 

 

La résolution « Plus forts ensemble pour sortir de la crise du coronavirus » dont je suis cosignataire

Celle-ci entend renforcer la coopération franco-allemande dans la lutte contre la pandémie grâce à plusieurs orientations:

  • Continuer à développer la coopération transfrontalière des services sanitaires.
  • Améliorer la capacité de traçage transfrontalier des chaînes de contamination: relier les applications européennes de traçage, aligner les règles de quarantaine et de restrictions de voyage, développer l'échange d'informations entre autorités sanitaires.
  • Poursuivre le développement de la coopération franco-allemande: optimiser la coordination de la répartition et de la prise en charge des patients, travailler à une meilleure comparabilité des données, élaborer des stratégies définies en commun.
  • Donner de nouvelles impulsions à la coopération européenne: notamment concernant la stratégie vaccinale, la création d'une Union européenne de la santé et le renforcement de la capacité de prévention de l'UE.
  • Investir dans la croissance durable et les technologies d'avenir: pour une vision à plus long terme.

"La crise du coronavirus a touché l’ensemble des pays de la planète, cependant tous n’y ont pas répondu de la même manière. Malgré la complexité de la gestion de la crise, nous ne pouvons que déplorer les atermoiements, les revirements, ou encore les retards s’agissant de la gestion en France des masques, des tests ou encore des vaccins.  Au-delà de ces constats, nous devons tirer comme conséquence qu’il serait plus efficace de prévenir les survenances de telles pandémies que d’avoir à y faire face après coup, tant sont grands les problèmes qu’elles posent pour les populations, les Etats et les économies.

Avec cette résolution

  • nous revendiquons une meilleure coopération et intégration des systèmes et institutions sanitaires de nos deux pays, France et Allemagne, ainsi qu’entre tous les états membres de l’UE (Partie I)
  • nous considérons la rupture actuelle comme une véritable opportunité de sortir de cette crise en nous montrant plus écologique et plus innovant (Partie II)

Il convient de s’attacher tout d’abord à remonter aux causes structurelles de la survenance de l’épidémie. Nous devons être conscient du fait que la crise sanitaire actuelle est liée notre mode de vie destructif. En effet, en continuant à exploiter et détruire la biosphère et à réchauffer le climat, il n’est qu’une question du temps jusqu’à ce qu’une nouvelle pandémie secoue à nouveau le monde. Le risque d’une nouvelle propagation d’un agent pathogène s’accroît avec la destruction continue des habitats écologiques dans le monde.

Le changement climatique favorise la propagation des maladies et des virus transmis par le moustique tigre comme la dengue, le Zika ou la fièvre jaune – le Sud de la France étant déjà touché. Le permafrost dégèle rapidement dans le nord de notre hémisphère et avec lui réapparaissent des virus et microbes préhistorique congelés potentiellement dangereux – sans parler des dizaines voire des centaines de milliards de tonnes de gaz à effet de serre qui pourront être libérées, selon le GIEC.

La destruction de la nature sauvage, qui est le lieu naturel d’habitat d’innombrables virus et microbes inconnus, ainsi que le défrichage des forêts tropicales ont atteint un nouveau record en 2020. En outre, les élevages européens utilisent une quantité toujours plus prodigieuse d’antibiotiques augmentant le risque des microbes multi-résistants à l’avenir. 

Nous devons prendre conscience que le risque d’une nouvelle pandémie et la destruction de la nature ainsi que le réchauffement climatique sont des phénomènes liés. De ce point de vue, la deuxième partie de la présente résolution va dans le bon sens. Cependant, il convient de souligner que les mesures d’une transition écologique doivent aller au-delà d’une stratégie d’hydrogène vert franco-allemand ou du projet Fessenheim. Afin d’atténuer le réchauffement climatique, de préserver la biodiversité et ainsi de diminuer le risque d’une nouvelle pandémie, nous devons profondément changer notre rapport à la nature. À cet égard, le pacte vert de la Commission européenne est une feuille de route encourageante. Nous devons tirer les leçons de la crise actuelle en mettant en place des mesures concrètes pour réaliser les objectifs fixés dans le pacte vert."

Cécile Untermaier, le 22 janvier 2021

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