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Mon interview pour la 30ème Journée du Prix du livre politique

Mon interview pour la 30ème Journée du Prix du livre politique

Créée en 1991 par Lire la Politique et l’Assemblée nationale, la Journée du Livre Politique a lieu chaque année à l’Assemblée Nationale, se déroule sous le haut patronage du Président de l’Assemblée nationale et rassemble désormais près de 2000 participants.

Cette journée s’organise autour de plusieurs événements :

  • L’organisation de quatre tables rondes, qui rassemblent des intellectuels, journalistes et élus autour de grandes thématiques en lien avec l’actualité politique 
  • La rencontre avec les auteurs politiques incontournables venus présenter leur livre dans le cadre de la librairie éphémère et la mise en place d’un espace-signature 
  • La remise de quatre Prix littéraires : le Prix du Livre Politique, le Prix des Députés, le Prix étudiant du Livre Politique-LCP et le Prix étudiant de la BD Politique-LCP, par des jurys dédiés.

A l'occasion de la 30ème Journée du Prix du livre politique organisée par l'association Lire la Société, j'ai été invitée à échanger sur le meilleur livre politique de l'année. Depuis 2004, le Prix des Députés est décerné par un jury de députés, représentatif de chaque groupe parlementaire, et remis par le président de l’Assemblée nationale.

L'interview:

1. La sélection du Prix du Livre des Députés propose un large éventail d’ouvrages passionnants. Qu’est-ce qui vous guide au moment de faire votre choix ?

Les sujets que j’estime pertinents sont ceux qui ne révèlent pas uniquement les symptômes des problèmes politiques. Les auteurs qui m’intéressent sont ceux qui jettent un regard derrière les coulisses des affaires politiques courantes. Quels sentiments se cachent derrière le rejet et la méfiance vis-à-vis des personnes d’origine étrangère ? D’où sort la conviction de l’inutilité de porter un masque en pleine pandémie ? Pourquoi manque-t-il une véritable volonté de protéger l’environnement ? D’où vient le sentiment de méfiance envers les institutions politiques ? Que pouvons-nous faire pour améliorer notre système petit à petit ? Mon choix de livres politiques est guidé selon ma façon de poser les questions. Il ne suffit pas de constater un problème de société à mon avis, il est indispensable d’aller au fond des choses en posant les questions analysant les structures d’un sujet particulier. Les auteurs qui arrivent à poser ces questions et ainsi à pousser la réflexion au coeur du sujet sont ceux qu’il faut lire à mon avis si on souhaite comprendre et contribuer à la vie politique.

2. Quel livre pourriez-vous conseiller à de jeunes étudiants qui se destinent à la politique ?

« Le courage de la nuance » de Jean Birnbaum ! Un livre politique qui se trouve parmi les trois premiers pour lesquels notre Jury des députés a voté. Les étudiants qui se destinent à la politique doivent comprendre l’importance du débat publique indispensable à chaque décision politique. Ce débat est aujourd’hui en danger : Il se confond avec un champ de bataille où tous les coups sont permis. On ne laisse pas le temps à la nuance de s’installer dans le débat public. Il faut accepter la diversité des arguments et des solutions pour trouver le meilleur compromis politique possible. Le débat nuancé est l’idéal de la démocratie. C’est la raison pour laquelle je recommande ce livre.

3. Quel est votre livre politique préféré ?

Mon livre politique préféré en ce moment est « Apocalypse cognitive » du sociologue Gérald Bronner qui est paru en janvier dernier. Bronner observe qu’une « guerre attentionnelle » a été déclenchée par les écrans tandis que le temps destiné à la lecture a diminué. Il a choisi de se confronter à la réalité du quotidien, un quotidien qui est influencé par le numérique : les questions du télétravail, de la haine dans les réseaux sociaux, des fake news, du complotisme, de l’océan de données utilisées par des algorithmes, les mensonges, le télécommerce. Notre société ne s’est pas organisée autour des technologies modernes. Ces dernières sont devenues le coeur de notre vie quotidienne. Le cerveau humain se trouve au centre d’influences et d’attentions diverses, il est surinformé. Bronner se sert de ce constat pour pousser ces réflexions plus loin. Selon lui, de nombreux acteurs s’adressent ainsi à nos instincts et non à notre raison afin de capter notre attention en exploitant notre fragilité. C’est un livre politique qui concerne quasiment tous les sujets actuels. Il nous propose une nouvelle approche passant par la reconnaissance de la surinformation du cerveau qui conduit à un tri fondé sur nos instincts. J’en tire des conclusions pour mon mandat : Les politiques doivent lutter pour établir un cadre plus favorable à la raison afin de ne pas perdre les potentialités intellectuelles et les nombreux atouts que leur offrent les nouvelles technologies.

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